Enfants d’un même père, en Église,donner visage à la fraternité
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Enfants d’un même père, en Église,
donner visage à la fraternité
Avant que notre évêque ne prenne la parole, le père Quintard accueille les fidèles rassemblés, et salue plus particulièrement ceux venus des autres paroisses du doyenné. Il situe immédiatement cette conférence dans la suite que notre diocèse doit donner à son synode. Quel visage donnons-nous aux autres ? « Le champ est ouvert et il est immense ».
Le père évêque entre dans le vif du sujet en montrant que si la fraternité est une aspiration de la société, elle est, de nos jours, difficile à atteindre. —L’autre m’empêche d’exister comme je le veux — et la fraternité n’est jamais acquise. Nous ramenant au synode, il nous rappelle la motion numéro un consacrée à la fraternité : « La source de notre fraternité c’est la relation d’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit. Enfants du même Père, nous sommes frères et sœurs en Jésus-Christ animés par l’Esprit-Saint… ». Dans le glossaire des actes du synode, on trouvera toutes les références à la fraternité. Et elles sont nombreuses…Dès lors, comment mettre en œuvre ces pressantes recommandations du synode ?
Avant de répondre, notre évêque nous invite à considérer les Écritures. Dans l’Ancien testament, la fraternité n’est pratiquement que conflictuelle. De Caïn et Abel à Joseph et ses frères, « la fraternité est une relation à construire ». Dans le Nouveau Testament, le Christ est l’étape déterminante. C’est en Lui que la fraternité prend sa source. On en trouve confirmation dans les lettres de saint Paul, pour ne retenir qu’elles. Dans l’épitre aux Galates (3, 27-28), il nous rappelle : « Vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n’y a plus ni Juif ni Grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus ». Dans l’ensemble des épitres de saint Paul, le mot « frères » revient cent trente-trois fois !Mais c’est bien dans l’Évangile que nous est révélée la vraie dimension de la fraternité dans le Christ. Les signes ne manquent pas, du lavement des pieds au « Femme, voici ton fils…Voici ta mère ».
Pour faire une liaison avec les aspects théologiques associés à la fraternité, le conférencier rappelle que ce n’est qu’au quatrième siècle que le mot « fraternité » entre dans le vocabulaire théologique. Auparavant, ce mot désignait essentiellement « l’Église ». Plus près de nous, le concile Vatican II, dans la constitution pastorale Gaudium et Spes, sur l’Église dans le monde de ce temps, évoque ainsi la fraternité : « ... Et cela ne vaut pas seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mystère pascal ». Monseigneur Fonlupt clôt ce chapitre en évoquant la communauté des moines de Tibhirine dont le sacrifice doit nous guider dans notre volonté de témoigner.
Notre évêque s’interroge — et nous interroge — alors : comment fait-on ? Si le synode diocésain donne certaines réponses ; il est nécessaire de « creuser », d’approfondir…On peut se référer à quelques expériences : à Montpellier, par exemple, des fraternités missionnaires se réunissent pour prier, pratiquer l’entraide, le service ou assurer des formations. Des initiatives semblables à Lourdes, Rodez…sans oublier Diaconia…
In fine, Monseigneur Fonlupt nous ouvre quelques pistes en interrogeant les équipes existantes dans les paroisses : vivent-elles les expériences de la fraternité ? Il est sans doute temps de sortir d’une pratique religieuse « binaire », c’est-à-dire alliant l’Eucharistie dominicale à une vie de foi individuelle, pour y adjoindre une « troisième dimension », un espace intermédiaire accueillant, ouvert, qui serait un signe pour ceux qui vivent autour nous.
En conclusion, notre pasteur nous incite à réfléchir à ce qui nous fait frères dans le Christ. La fraternité est une réalité et un trésor à vivre et apprécier. Elle nourrira la communauté paroissiale qui sera alors une Église porteuse du souci de témoigner.
Monseigneur François Fonlupt, évêque de Rodez et de Vabres