NOEL : DIEU FAIT HOMME
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La Crèche de Noël : une ouverture à la Vie.
Dans quelques jours nous célébrerons Noël. Mais qu’est-ce que Noël aujourd’hui ? Quels sontsa signification et son sens ? En quoi cela nous concerne tous ?
Noël est pour les chrétiens le jour où Dieu s’est fait homme en la personne de Jésus. Voici donc que le Dieu Créateur s’incarne dans la créature pour naître et vivre comme cette créature. Et cette incarnation passe, comme pour tout être humain, par la longue période de neuf mois au cours de laquelle, Marie la mère de Jésus, a porté dans son utérus le Divin Enfant. Le temps de l’Avent, qui précède Noël, nous permet de préparer la venue de Jésus en lien étroit et intime avec sa Mère, sans oublier saint Joseph, le discret époux de Marie. C’est bien au sein d’une famille, comme les autres, comme les nôtres, que Jésus advient dans le monde.
Noël c’est donc, avant toute chose, la volonté de Dieu le Père d’aller à la rencontre de des hommes de la manière la plus naturelle, c’est-à-dire, comme les créatures elles-mêmes : dans le sein d’une mère. Nous comprenons mieux, de ce fait, que Marie, qui a librement accepté de porter Jésus dans ces entrailles, soit réellement la Mère de tous les hommes.
Mais pourquoi Dieu a-t-il voulu nous rencontrer ? Pourquoi l’incarnation ?
L’homme et la femme s’étaient détachés de Dieu. Ce que l’on appelle « péché originel » c’est ce refus de l’homme et de la femme de rentrer dans le dessein de Dieu, d’être en Sa compagnie selon Son désir. Ce désir nous est rapporté dans le Livre de la Genèse qui montre Dieu créant l’homme pour être à son image et à sa ressemblance. « Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance. Qu’il soit le maître des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, des bestiaux, de toutes les bêtes sauvages, et de toutes les bestioles qui vont et viennent sur la terre. Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme » (Genèse 1, 26-27).
Dans le temps et dans l’histoire des hommes Dieu a voulu renouer les liens rompus. Il a vu la détresse des hommes et a proposé son aide. Et la meilleure façon de venir en aide à quelqu’un n’est-elle pas de se mettre à sa place ?
Dieu le Père créateur veut sauver sa créature. Il donne mission à son Fils de rétablir l’homme et la femme dans leur dignité d’image originelle afin que l’humanité toute entière ressemble à l’Amour parfait du Père pour le Fils par l’Esprit-Saint. Dieu sort de sa condition divine pour épouser totalement sa créature : naître, vivre et partager avec elle toute sa vie de sa conception jusqu’à sa mort. Dieu ne peut pas agir autrement. Il aime tellement les hommes et les femmes qu’Il veut être avec lui et avec elle et plus encore en lui et en elle. En quelque sorte Dieu veut établir dans l’homme la Crèche de Noël. Il veut que nous le recevions tel qu’Il nous a créé c’est-à dire à la manière d’un tout petit enfant.
L’incarnation du Fils de Dieu n’est pas un simulacre. Jésus partage totalement notre condition humaine par sa conception en Marie sa Mère, par sa naissance et par sa vie jusqu’à la mort et la mort sur la Croix.
Mais que signifie s’incarner ?
S’incarner, c’est devenir homme. C’est-à-dire être un être qui est à la fois : corps, âme et esprit.
Noël, ce n’est donc pas seulement la naissance d’un petit enfant fusse t-il Divin. C’est la contemplation de l’Amour de Dieu qui vient à notre rencontre dans notre humanité pour vivre avec nous en partageant avec nous nos joies et nos angoisses, nos doutes et notre espérance et tout ce qui fait le quotidien de nos vies. « Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire » nous dit saint Jean (Jean 1,14). La gloire de Dieu consiste, en s’abaissant à notre condition humaine, en devenant l’un de nous, à relever l’homme, tous les hommes, à les sauver en les libérant de leur faute. L’incarnation de Jésus dans notre monde c’est la manifestation de la Miséricorde de Dieu pour chacun de nous. Le mot « miséricorde » se traduit en deux termes biblique d’abord par rahamim, qui veut dire les entrailles. La miséricorde est une caractéristique de Dieu lui-même, qui est "pris aux entrailles" pour sa création. On pourrait comparer cela avec l’amour d’une mère prise aux entrailles par l’amour qu’elle porte à son enfant. La miséricorde c’est l’amour instinctif de Dieu, qui ne cesse d’aimer l’homme d’un amour maternel. C’est une caractéristique de Dieu que d’être touché par la misère de son peuple en esclavage. Ensuite, le deuxième terme biblique que le mot miséricorde traduit, c’est hesed, qui signifie un amour fidèle. Ce n’est pas l’amour d’un instant, c’est un amour voulu, choisi, décidé par Dieu, et fidèle malgré tous les errements et les égarements que peut vivre son peuple. [1]
Comment Jésus à-t-Il vécu son incarnation ?
Si l’on parcourt attentivement l’Évangile nous sommes frappés par l’extrême simplicité de Jésus et son dépouillement total.
En relisant l’évangile, saint Luc nous révèle l’extrême pauvreté de la naissance de Jésus : « Et elle mit au monde son fils premier-né ; elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (Luc 2, 7). Le monde, pourtant créé par Dieu, ne peut recevoir dignement son Fils. Jésus naît en ce monde, dans notre monde, comme le premier Adam au milieu des animaux. Mais, à peine est-Il naît que la répression contre les nouveaux-nés s’abat sur le pays. C’est la fuite en Égypte, pays dans lequel les Hébreux furent réduits en esclavage. Jésus est contraint, sous la garde de Marie et la protection de Joseph, d’émigrer comme, naguère, Moïse.
De retour la Sainte Famille s’installe à Nazareth et Jésus y reçoit tout l’amour d’une mère et toute l’attention d’un père, lequel l’initie au travail manuel. Jésus apprend des hommes et des femmes l’humanité ou travail et prière, vie familiale et sociale, participation aux fêtes profanes (Noces de Canna) et aux offices de la synagogue se mêlent et s’assemblent pour constituer un seul et même corps. Le même saint Luc rapporte que : « Jésus, grandissait en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes » (Luc 2, 52).
C’est bien à cette source spirituelle et humaine que Jésus puisera pour laisser, nous laisser, son Évangile. Chaque rencontre, chaque parole qu’Il prononce, chaque geste qu’Il accomplit consistent à relever les hommes et les femmes, à commencer par les plus pauvres, à les faire revivre pour qu’ils s’incarnent eux-mêmes. Et qu’à leur tour ils relèvent les autres.
Et pour nous l’incarnation c’est quoi ?
L’incarnation, cela veut dire habiter réellement sa chair. La chair, ce n’est pas seulement les muscles (la viande) mais c’est la totalité de ce que nous sommes : corps, esprit et âme.
En naissant nous recevons un corps qui est conçu de manière à nous permettre de rentrer en relation avec l’environnement et avec nos semblables par l’intermédiaire de nos cinq sens. Jésus a vu, a entendu, a senti, a goutté et a touché les hommes et les femmes de son temps. Avec ses mains Il a guéri et relevé les malades. Avec Sa Parole Il a enseigné les foules. Il a mangé avec les pécheurs. Il a entendu la détresse de ses compatriotes. Et puis, Jésus est allé jusqu’au bout en offrant Son Corps. Ce Corps c’est la Vie elle-même que les chrétiens reçoivent chaque dimanche : l’eucharistie.
L’incarnation c’est, à l’image de Marie, accepter de donner la vie et d’accompagner cette vie jusqu’à son terme. De l’Annonciation jusqu’au pied de la Croix, Marie a accompagné son Fils. Marie c’est l’incarnation en acte : la présence fidèle. Son exemple est une invitation pressente à promouvoir la vie qui nous est donnée et à la protéger particulièrement dans les lieux et les endroits ou elle est menacée.
L’incarnation c’est aussi l’acceptation de ce que nous sommes en tant que personne. Un être humain sexué, membre d’une famille que l’on n’a pas choisie. Jésus n’a pas choisi de naître de Marie. L’incarnation c’est être présent au monde dans lequel nous sommes envoyés pour y bâtir la paix et faire triompher le règne de Dieu.
Les pauvres bergers de Bethléem, tout comme les riches mages venus d’Orient, se sont, à leurs manières et avec leurs moyens, inclinés devant Jésus. La Crèche est largement ouverte : nous sommes tous conviés à la contempler.
Ouvrons donc largement nos crèches à la vie : c’est le temps de Noël.
Jean-Noël LACOMBE
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