Message de Noël de Mgr François Fonlupt

Nous sommes dans les jours de Noël.
Au creux de la nuit, alors que celle-ci se fait plus dense, nos villes, nos villages, nos maisons s’habillent de lumière. Mais qu’en est-il de notre cœur ? Nous ne sommes pas des êtres de la nuit, nous ne pouvons demeurer dans l’obscurité. Et pourtant celle-ci est dense. Chacun le sait pour lui-même ou pour ses proches…
Notre pays sort peu à peu, mais difficilement, de semaines d’expression de désarroi profond et d’inquiétude pour le devenir de beaucoup de nos concitoyens. Voilà que se manifeste avec force l’attente d’un minimum de moyens pour vivre dignement, l’attente de reconnaissance, de prise en compte de chacun et, par-là, de dignité.
On ne peut avancer à marche forcée au risque de laisser beaucoup, méprisés et amers, au bord du chemin.
Si nous élargissons notre regard au-delà des frontières, bien des lieux de notre terre demeurent secoués par la violence, la domination de quelques-uns, l’injustice souvent criante. Des signes préoccupants se manifestent en Afrique, au Moyen-Orient, en Indonésie, dans certains pays de l’Est. Les décisions difficiles et minimalistes de la COP 24 soulignent l’égoïsme de nos pays qui ont du mal à engager les choix nécessaires pour qu’un avenir plus serein soit offert aux générations futures.
Notre monde semble de plus en plus complexe, au risque de nous sentir dépassés et démunis, et de ne plus croire que des solutions justes soient possibles. Chacun essayant alors de sauvegarder ses intérêts aux dépends de l’ensemble, ou les réclamant avec force.
Pourtant, dans ces temps difficiles, nous devons garder vive la préoccupation du bien de tous.
Dans ce contexte, le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France vient d’adresser un Appel aux catholiques de France et à nos concitoyens (à retrouver sur rodez.catholique.fr). Nous suggérons de faire exister « des lieux d’échange et de réflexion qui pourraient permettre l’émergence de suggestions positives élaborées ensemble. » Il appartient à chacun d’entre nous d’entendre cet appel et de lui donner visage, en proximité, à travers des initiatives de rencontres avec d’autres personnes. L’Église a également à proposer ses ressources et offrir ainsi « un espace pour faire grandir la fraternité. »
Et voilà que Noël est là, avec cet élan qu’il suscite en nous de rencontres, de retrouvailles familiales, de cadeaux partagés, de repas de fête. Vivre ce temps, resserrer les liens nous est nécessaire. Nous allons puiser dans ces moments des ressources pour continuer à avancer, à vivre…
Mais, dans ce qui est parfois une frénésie, n’oublions pas le secret de cette fête… Il se trouve dans la mémoire d’une famille qui se déplace pour cause de recensement et accueille un enfant dans la pauvreté d’une étable. Les plus simples, les bergers, seront les premiers saisis par l’événement. Les mages, que l’on aurait pu croire les plus éloignés, viendront de l’Orient lointain reconnaître l’enfant. Les uns et les autres en seront transformés, les plus modestes comme les plus grands, renouvelés par l’accueil de l’enfant.
‘Pour comprendre la réalité de la vie, il faut s’abaisser, comme nous nous abaissons pour embrasser un enfant’ disait récemment le Pape François. Souhaitons que ce temps de Noël nous donne de vivre cette rencontre bouleversante avec l’enfant. Elle transformera alors nos relations, et nous engagera plus avant sur des chemins de justice et de paix.
+ François Fonlupt, évêque de Rodez et de Vabres
le 20 décembre 2018
Commentaires