Deux évangiles, deux réquisitions

Méditation sur l’Evangile du dimanche des Rameaux proposée par les Sœurs de l’Abbaye cistercienne Notre-Dame de Bonneval (Le Cayrol) ; Dimanche 14 avril, ( Lc 19, 28-40 et Lc 22, 14-23, 56)
Deux évangiles, deux réquisitions :
- celle d’un petit âne en Luc 19,30-31 ;
- celle d’un homme en Luc 23, 26.
Pour le premier, le motif est énoncé clairement par Jésus lui-même : « Le Seigneur en a besoin ». D’un ânon qui n’a jamais servi, car trop petit et donc fragile, vulnérable, sans importance, Jésus choisit de faire sa monture humble et pacifique pour entrer triomphalement dans Jérusalem. Une seule condition : le détacher. Car pour servir Jésus il faut être détaché, se laisser délier, être libre de tout. Alors et seulement, bien que faible aux yeux du monde, ce petit âne (serait-ce moi ?) peut devenir, même à l’improviste, « Porte-Christ », compagnon-serviteur de Celui qui a voulu avoir besoin de lui pour l’unir à sa gloire.
L’homme, lui, se nomme Simon de Cyrène. Costaud, le voilà réquisitionné par des soldats pour aider Jésus à porter sa croix sur le chemin du Calvaire. Personnage humble, effacé, passant ordinaire, étranger qui plus est, il subit les insultes adressées à Jésus, communie à ses pas trébuchants d’homme épuisé, lui-même déjà fatigué par une dure journée de labeur aux champs. Et pourtant il ne se rebelle pas : il consent à la tâche dure et âpre qui lui est imposée et devient « Porte-Croix » avec Jésus souffrant. Touché par la grâce dans ce « corps-à-corps » avec Jésus, il est pris de compassion et fait le pari de l’amour face à la haine qui les cerne de toute part.
Aujourd’hui encore, le Seigneur choisit d’avoir besoin de nous ! Avec sa grâce, il désire que nous le servions librement pour avoir part à sa joie. Il nous invite aussi à nous aider les uns les autres quand le fardeau est trop lourd à porter seul, à être des hommes et des femmes de compassion et de service à travers un geste tendre, un regard bienveillant, un sourire gratuit... Ne s’agirait-il pas, en fin de compte, de passer de la réquisition à l’Amour devenant ainsi, avec le Christ, co-auteur de l’œuvre du Salut à laquelle Dieu nous convie ?