Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, interpelle le premier ministre sur la loi de bioéthique
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Nous publions, ci-après, quelques extraits de cette lettre que vous pourrez lire en intégralité dans le journal « La Croix » ou sur le site https://rennes.catholique.fr
« la loi de bioéthique porte une rupture anthropologique majeure ».
Les arguments de la raison éthique, et pas seulement ceux d’études sociologiques parfois contestables, ne sont-ils pas à considérer en priorité pour que la loi reste
indicatrice et gardienne du « bien commun » ? À cet égard, comment la loi gardera-t-elle sa mission de protéger l’être humain, en particulier le plus faible, et favorisera-t-elle la société inclusive que vous appelez de vos vœux, si le projet de loi ne barre pas nettement la route à ce qui vous inquiète légitimement : l’eugénisme libéral, fruit d’un individualisme et d’une peur exacerbés par le pouvoir exercé sans discernement du dépistage génétique.
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Est-il juste que la loi interdise de fait à des enfants d’avoir une ascendance paternelle, et décrète qu’il n’y a plus de distinction entre une femme qui, sans avoir accouché, peut être reconnue comme mère, et la femme qui a accouché de son enfant ? Si le droit supprime la signification spécifique de la gestation, comment interdire fermement la gestation pour autrui (GPA) ?
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Est-il juste que la loi supprime la différence réelle établie par le critère thérapeutique pour autoriser aussi bien l’accès à l’AMP que la manipulation du cerveau humain ? Quels critères de justice adopter pour que la médecine soigne en priorité et le mieux possible nos frères et sœurs en humanité qui sont effectivement malades ?
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La « fraternité », à laquelle sont attachés les Français, exige que soit reconnue la même dignité avec les mêmes « droits fondamentaux » chez tous les êtres humains, sans distinction générationnelle. Cette « fraternité » est-elle respectée quand le « projet parental » impose, avec la garantie du droit, un nouveau « droit de puissance » sur l’enfant en le privant d’ascendance paternelle ? Est-ce conforme à sa « dignité » ?
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Le principe de « dignité » qui caractérise le modèle français de bioéthique, exige la reconnaissance juridique de l’unité de la personne dans ses dimensions biologique, psychique et spirituelle. Le pacte social et la justice trouvent leur force apaisante dans le respect de cette « dignité » d’où découle la mise en œuvre de la « fraternité ».
Voilà la grandeur de l’éthique qui assure l’authentique progrès : savoir réguler et promouvoir l’usage des techniques biomédicales de telle sorte que la « fraternité » soit mieux assurée. C’est là, Monsieur le premier ministre, ce qui la garantit sur le long terme. Or, ce long terme sera vite brisé par ce projet de loi. S’il est voté et promulgué, il fragilisera un peu plus notre « fraternité » car il augure de l’ouverture de la GPA que rien n’empêchera.
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Monsieur le premier ministre, vous en conviendrez, comment ne pas souhaiter un « supplément d’âme » quand les techniques rendent possible l’invraisemblable !
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Mgr Pierre d’Ornellas