Au marché paysan
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Nous continuons de vous présenter les articles de : Viaduc N°11
A Millau, un regroupement de producteurs locaux propose des produits bio dans un lieu accueillant. Entretien avec Marie-Hélène Valentin, agricultrice.
Madame Valentin, comment est né ce modèle de magasin ?
Les clients venant souvent s’approvisionner à la ferme nous ont poussés à nous regrouper pour retrouver nos produits.
En 2003, vingt-cinq producteurs se sont associés pour vendre directement aux consommateurs : c’est le circuit court. Nous sommes tous issus des Causses et des alentours. D’autres producteurs travaillent avec nous en dépôt-vente car ils n’ont pas la disponibilité de venir vendre au magasin.
Pourquoi les produits sont-ils plus chers ?
Les producteurs ont des petites parcelles. L’achat d’équipement commun est difficile en raison de la dispersion des fermes. Le travail est essentiellement manuel. Comme aucun traitement n’est utilisé, on peut connaître de grosses pertes sur une production. Sur mille salades plantées, seules cent seront peut-être vendues finalement et la main d’œuvre et les semences doivent être payées. Ce prix est l’assurance de manger des produits sains et de qualité.
Aujourd’hui, certains légumes sont plus difficiles à cultiver, comme les carottes et poireaux. Mais le changement climatique permet de produire fenouils et patates douces ainsi que d’autres légumes. En 2008, le magasin a commencé la vente de produits biologiques.
Faire grandir les produits et les amener dans l’assiette du consommateur est une grande satisfaction.
Quelle est la clientèle ?
Les consommateurs sont très divers, les nouvelles générations sont de plus en plus intéressées par la vente directe au magasin. Jeunes ou moins jeunes, ces personnes cuisinent et ne se contentent pas d’acheter des plats tout faits.
La vente directe a l’avantage de réintroduire du relationnel. Rencontrer les clients et recevoir des compliments sur la marchandise, cela donne du sens à son travail. La vie, c’est de la richesse humaine. Si l’on fait quatre ou cinq belles rencontres, c’est là, l’essentiel, c’est un apport humain extraordinaire.
Le savoir bien manger s’était perdu mais aujourd’hui, les consommateurs reconnaissent l’importance du lien entre environnement et alimentation.