PÂQUES et la Vie Nouvelle
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En cette année 2020, la fête de Pâques sera moins célébrée dans les églises et les temples. Tous les ans la liturgie pascale nous fournit des symboles forts, particulièrement ceux de la lumière et de l’eau, pour nous aider à célébrer la Vie qui surgit à nouveau pour l’humanité, grâce au don que le Christ a fait de la sienne, et à sa résurrection.
Dans l’hémisphère nord, où nous habitons, la fête de Pâques se situe toujours, avec quelques variantes, en proximité avec le retour du printemps. Cette coïncidence de notre calendrier liturgique et des saisons, a pris cette année et pour des raisons « bien indépendantes de notre volonté », une coloration toute particulière.
Nous savions que l’air, l’eau, la terre et l’ensemble des écosystèmes de notre planète étaient mal en point. Tout le monde en parlait, et pouvait le constater. D’ailleurs l’injustice que nous faisions subir à notre environnement se propageait abondamment aux plus déshérités de notre humanité. Mais…, on ne peut pas changer du jour au lendemain !
Et voilà que cette excuse, et la plupart des arguments qui l’accompagnaient semblent, au moins pour un temps, s’être effondrés. Car lorsqu’il s’agit de survivre, nous nous sentons capables, quitte à en souffrir un peu ou même beaucoup, d’arrêter le rythme de l’insensée fuite en avant, souvent questionnée, mais finalement toujours justifiée.
Paradoxalement, le confinement, obligé et imposé plus que choisi, pourrait nous apparaître comme un tremplin pour retrouver l’usage de notre liberté. A commencer
par la liberté de réfléchir ! Cette responsabilité que nous avions peut-être trop « déléguée », alors que nous sommes si jaloux de notre libre arbitre individuel, mais si peu enclins à nous retrouver dans un silencieux face-à-face avec soi-même.
Du coup la nature, pouvant peut-être respirer mieux elle-même, tandis que nous nous occupons de nos poumons, vient – généreuse comme toujours – à la rescousse de ce vide, laissé par l’absence douloureuse des traditionnelles liturgies de la Semaine Sainte et de Pâques. Et la végétation, même dans nos rues et sur nos places et jardins urbains, semble tout à coup plus précieuse et prisée, dans la diversité de ses couleurs « naturelles ». Serait-ce que, rendus plus attentifs, nous l’observons mieux cette fois-ci ?
La contemplation de ce qui nous entoure, dans sa beauté et sa fragilité, devrait nous conduire naturellement, puisque tout est lié, à la contemplation toute intérieure de l’œuvre incommensurable que Dieu continue de réaliser pour nous, de manière si discrète, et jamais envahissante. Vive Pâques !
Avec le Ressuscité, sachons découvrir les chemins d’une nouvelle Vie ! Elle n’est pas un produit de nos résultats économiques ou techniques. Elle se déploie dans l’ Éternité, et sur elle, « la mort n’a plus aucune emprise »…
P. Bernard Quintard