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Réflexion / Partage en l’absence de célébration Eucharistique
durant le confinement
Article mis en ligne le 27 mai 2020

par Sr Monique, Clarisse de Millau

Depuis plusieurs années la question de la célébration en l’absence de prêtre a fait l’objet de réflexion en assemblée de moniales ; ici au Monastère nous avons eu quelque fois ce manque et cela nous a amené à voir comment suppléer, notre choix a été l’aménagement des laudes du matin avec les lectures de la messe sans communion. Ceci pour dire que nous étions déjà préparées à cette absence. Il a été possible pour celles qui le désiraient de profiter de la messe du Pape sur KTO ; pour le dimanche nous avons choisi d’être toutes ensemble à la messe sur france2. Cependant le confinement est long et le manque se fait davantage sentir pour certaines.

C’est un peu le côté extérieur de la pratique mais ce temps a été pour moi l’occasion de relire ce que Sr Christiane Hourticq nous avait donné dans une assemblée de moniales et d’approfondir un peu plus cette dimension de notre vie qui est une vie Eucharistique.

  • la liturgie des heures : Sr Christiane Hourticq disait « les liturgies de la parole ne sont pas des ‘produits de remplacements‘ mais un geste eucharistique. »
  • la « Lectio Divina » nous est nécessaire et précieuse, ruminer la Parole pour en vivre dans le quotidien voilà ce qui est déjà eucharistie ! Sans oublier les partages d’Evangile et ces temps de rencontre personnelle avec le Seigneur dans l‘« oraison » silencieuse.
  • les partages sur notre vie concrète dans un esprit fraternel nous permet de nous ajuster communautairement et régulièrement.
  • le partage des nouvelles du journal ou des intentions qui nous sont confiées par téléphone ou courrier ravivent notre prière d’intercession et nous redit que nous ne sommes pas là « pour nous »
  • le travail et les services entre nous dans les différentes tâches sont aussi communion avec tant de nos frères humains pour lesquels c’est difficile de vivre au travail ou sans travail !
  • tout n’est pas « rose » comme on dit même dans notre vie de clarisse, il est parfois bien difficile de s’entendre, de s’accueillir différentes avec nos manies, nos fragilités, nos cultures différentes etc. ; le « aimez-vous les uns les autres » et « pardonnez soixante dix sept fois sept fois » sont toujours à refaire, c’est pourquoi tous les soirs nous avons quelques minutes pour revoir notre journée et se demander pardon ; et nous permettre de repartir à neuf chaque matin !
    Sr Christiane Hourticq nous disait « la relecture est un mémorial : faire mémoire de ce que l’on a vécu rend le passé présent et les dons de Dieu ouvrent sur ce qui vient. c’est un peu comme la sanctification du temps qu’offre la célébration eucharistique . »
  • les temps de détente personnels et communautaires, les fêtes que nous ne laissons pas passer ! même si c’est un moyen de décompresser, c’est aussi notre action de grâce, le jardin est l’objet de reconnaissance.
    « quelle joie quand on m’a dit ‘ nous allons à la maison du Seigneur’ » oui JOIE Eucharistique.

En conclusion Sr Christiane Hourticq nous disait encore « nous réfléchissons sur ce qui se passe en l’absence d’eucharistie, mais nous sommes tous bien persuadés que la célébration eucharistique est normalement nécessaire (pour le rythme c’est autre chose). » « la situation présente nous oblige à aller au fond des choses, à retrouver les fondamentaux comme on dit. Quand il n’y a pas de célébration eucharistique, il y a néanmoins vie eucharistique. L’épître aux colossiens 3,12-17 le dit admirablement : toute vie chrétienne est eucharistie, c’est le mouvement eucharistique qui est signifié dans la manière de décrire la vie chrétienne. Ce qui accomplit la vie religieuse, ce qui est de l’ordre de l’accomplissement ce n’est pas la célébration, c’est la charité. Les sacrements y compris l’eucharistie appartiennent au monde présent. « tant qu’il n’y aura pas de nouveaux cieux et de terre nouvelle où habite la justice, l’Église voyageuse portera dans ses sacrements et dans ses institutions qui appartiennent à l’ère présente le reflet du monde qui passe  » (lumen Gentium n°48). Au contraire la charité ne passera pas. Il n’y aura plus d’eucharistie dans le royaume. St Thomas d’Aquin a bien souligné que le fruit du sacrement c’est la charité. Le sacrifice c’est le don de soi, l’amour de Dieu et du prochain. La réalité ultime c’est l’amour, le don de soi. »

Sr Monique
Clarisse de Millau