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Pour un Carême d’Espérance
Article mis en ligne le 3 mars 2022

par Lacombe Jean-Noël

Nous rentrerons dans quelques jours dans le temps du Carême. Nous pourrions être déjà tentés de dire : « Un Carême de plus ! Qu’est-ce que ça change ? Un Carême pour quoi faire ? » Comme si nous n’avions pas besoin, en cette année 2022, de nous nourrir de la Vraie Nourriture, de nous libérer de nos prisons existentielles, de renouer les liens distendus avec le Seigneur, avec nous-même et avec les autres, de contempler la Vérité et de la suivre.

Le Carême, cette période de quarante jours, fait mémoire des quarante jours au cours desquels Jésus Lui-Même, poussé par l’Esprit, s’est mit à l’écart librement, pour éprouver les tentations que subissent les hommes et les femmes. L’incarnation de Jésus, au sein de l’humanité, l’entraîne jusqu’à cette épreuve de la confrontation aux tentations et au mal. Jésus veut partager avec nous les combats contre Satan. En ce temps, que propose l’Église, nous ne sommes pas seuls, Jésus nous a précédé. Mais, s’ Il a vaincu Satan c’est parce qu’Il était animé par l’Esprit-Saint, ce même Esprit qui planait au dessus des eaux avant la Création, ce même Esprit qui est venu sur la Vierge Marie et qui l’a fécondée. Cet Unique Esprit habite en chacun de nous comme le dit admirablement saint Paul : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple de l’Esprit. » L’Esprit-Saint est celui qui donne la vie, qui la féconde sans cesse et qui nous permet d’affronter les difficultés de la vie.

Jeune carême abstinence

Le Carême n’est donc pas une période de tristesse ou de mortification, mais au contraire une période pleine de vie. Mais d’une vraie vie : une vie dans l’Esprit. Une vie libre et joyeuse qui s’enracine dans les pas de Jésus. « La Vérité vous rendra libres » nous dit saint Jean.

Dans le désert de ce monde, au mains de Satan le Prince des Ténèbres, remplit de mensonges et de corruption, tournons-nous résolument vers Jésus notre seul et vrai libérateur. Car quel plus grand signe d’amour que de donner Sa Vie pour ceux qu’on aime. Jésus, vrai Homme, vrai Dieu, a livré sa Vie au monde pour le sauver et Il est mort comme un malfaiteur.

Le Carême est donc un temps de vérité. Vérité sur nous-même d’abord : où en suis-je de ma foi en Jésus-Christ ? Est-ce que je laisse l’Esprit-Saint me conduire ou est-ce que je me laisse aller à mes instincts les plus bas ? Dieu est-Il mon Père ou bien je me laisse entraîner par n’importe quel gourou, maître à penser ou idéologue de pacotille ? Est-ce que j’adhère au Credo de l’Église ou me laisse embarquer par les idéologies, les modes ou les folies du monde ? Est-ce que je me nourri de la Vraie Nourriture, en participant à la messe, en priant régulièrement, en pratiquant les sacrements de l’Église ou bien est-ce que je suis prisonnier du flot permanent d’informations et des fausses nouvelles ? Est-ce que je me confie à la Sainte Vierge qui me montre son Fils et qui me dit encore aujourd’hui : «  Faites tout ce qu’Il vous dira » ?

Le Carême est un combat contre le mal pour faire triompher le bien. Jésus nous y conduit par sa résurrection. Car la Vie triomphe de la mort. Entrer dans ce combat est un long chemin semé d’embûches où les tentations sont nombreuses. Mais l’issue sera la Vie éternelle et l’éternelle participation au Banquet des Noces de l’Agneau. Cette promesse de Jésus, comme toutes les autres, sera tenue n’ayons aucun doute là dessus.

Quelles sont ces embûches où ces tentations ?

D’abord le découragement devant la tâche, apparemment immense que nous avons à accomplir. «  N’ayez-pas peur, ouvrez toute grandes les portes au Christ  » telle était l’invitation du pape Saint Jean-Paul II, au début de son pontificat. S’ouvrir au Christ a été le combat mené par tous ceux qui nous ont précédé dans la foi. Face aux menaces multiples, au bouleversements politiques, économiques ou sociaux, mais également face aux hérésies, les Apôtres, les Pères de l’Église, les saints et les saintes et les hommes et les femmes de bonne volonté ont, avec et par Jésus-Christ, transmis la foi. Nous ne sommes pas, ni les premiers, ni les seuls à proposer la foi catholique au monde mais les héritiers d’un longue tradition. Des douze premiers au milliard de chrétiens aujourd’hui quel chemin de foi, d’espérance et de charité accomplit grâce à l’Esprit-Saint !

Prierlechapelet - https://pixabay.com/

Cet Esprit est Celui qui habite en nos cœurs depuis toute éternité, comme Dieu le révèle au prophète Jérémie : « Je te connaissais avant même de t’avoir formé dans le ventre de ta mère ; je t’avais mis à part pour me servir avant même que tu sois né. Et je t’avais destiné à être mon porte-parole auprès des nations. » Avons-nous conscience que Dieu a un projet pour chacun de nous, depuis toujours ? Car ce qu’Il dit à Jérémie, qui n’est qu’un homme comme nous, Il le dit à chacun de nous. Nous sommes aimé d’un désir d’amour par notre Père depuis toujours. Et c’est bien ce désir d’amour originel que Dieu inscrit dans nos âmes et qui nous fait entrer dans l’espérance de la vie éternelle. La vie éternelle n’est pas un fol espoir humain mais une réalité que Dieu réalise par Son Fils Jésus-Christ grâce à l’Esprit-Saint. Prenons conscience de notre dignité propre et inviolable. La vraie liberté nous engage à devenir ce nous sommes : hommes ou femmes. Il ne peut y avoir confusion de genre ni de sexe. Le Carême nous conduit à orienter notre vie vers l’espérance du Salut. Nos espoirs humains, aussi légitimes soient-ils : santé, sécurité par exemple doivent être évangélisés afin que leur réalisation participent réellement et concrètement à l’Espérance de la Vie en Dieu.

Évangéliser notre réalité humaine passe par le tissage des liens. « Prier pour ne pas tomber en tentation » tel est le premier lien que Jésus demande de nouer avec son Père, aux disciples fatigués dans le jardin des Oliviers. La prière est le premier acte de foi et cet acte est d’abord personnel : « , Mais toi, quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra ». Aucune de nos prières personnelles ne sera vaine. Et parce qu’elle est personnelle, la prière devient communautaire, car de la prière naît le désir du partage. Jésus se retirai Seul pour prier Son Père. Mais, Il a voulu Le faire connaître et Le faire aimer comme le Père de tous et de chacun, comme Notre Père. Et dans cette prière qui est celle de toute l’Église, Jésus nous montre qui est le Père vers lequel il faut nous tourner pour nous garder de toute tentation et de nous délivrer du mal.

Pour mener à bien ce combat contre les tentations et le mal, le Père nous donne notre pain quotidien. Ce pain n’est pas pour hier, ni pour demain. Il est pour aujourd’hui. Il est Celui et le Seul qui suffit. Comme la manne du désert qui tombe chaque jour, le pain est la nourriture présente. Ce pain est le Pain Vivant descendu du Ciel, c’est la Pain de Vie, la Présence Réelle de Jésus dans l’Eucharistie qui nous nous nourrit chaque jour pour nous aider à franchir la mort et à entrer dans la résurrection.

Le Carême nous invite à rechercher la Vraie Nourriture, celle de la Parole, car « Il est écrit : Ce n’est pas seulement de pain que l’homme vivra mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu ».

Telle est la foi que l’Église proclame dans son Credo et que Jésus montre à tous ceux qui se pressent vers Lui pour recevoir la guérison : « Ta foi t’as sauvé  ». Animés d’une telle foi nous sommes appelés à accomplir des actes de vérité. La vérité dans les liens qui unissent les hommes et les femmes entre eux, les liens qui unissent les enfants à leurs parents, les liens qui unissent les générations. Mais également tous les liens qui unissent les hommes et les femmes dans leurs environnements politiques, économiques, sociaux et environnementaux.

Ces liens ont été noués par Dieu, Père, Fils et Esprit dés l’origine du monde. La Création est un faisceau de liens multiples ordonné parfaitement et qui est régit par des lois éternelles. Au sommet de la Création Dieu place l’Homme, homme et femme à son image et à sa ressemblance. L’Homme est tiré de la terre par Dieu. Ainsi l’homme, bien que né de la terre est désir de Dieu. Il est dans l’intimité du cœur de Dieu, il a vocation à participer à la divinité de Dieu. Cette double réalité humaine et divine nouée par Dieu a été rompu par nos premiers parents qui ont voulu connaître le Bien et le Mal. Connaissant le bien et le mal, vous serez comme des dieux, telle est la tentation de Satan. Cette tentation est d’actualité. Le Carême est une occasion de discernement. Lors de notre baptême nous manifestons notre rejet de Satan, nous faisons profession de foi de nous tourner résolument vers Dieu. Ces quarante jours ne seront pas de trop pour puiser à la source, pour réaffirmer notre profond désir d’éviter le mal, de rechercher les réalité d’en haut et de suivre le Christ.

Pour renouer les liens rompu Dieu a envoyé Son Fils visiter son Peuple. Cet envoi a nécessité la médiation de Marie, laquelle était promise en mariage à Joseph. L’homme et la femme unis l’un à l’autre par Dieu dés les origines retrouvent l’amitié du Créateur dans la Sainte Famille de Nazareth. L’incarnation de Jésus se réalise dans la vérité originelle de la famille par l’union de l’homme et de la femme. Jésus vient unir à nouveau ce que Adam et Eve, par leur désobéissance, avaient désunis. Le Fils de Dieu est le Grand Prêtre qui célèbre en Marie et avec Joseph le mariage parfait entre le Ciel et la terre. Dans son livre des Œuvres divines, Sainte Hildegarde de Bingen (1098-1179) précisait : « Dieu a lié la femme à l’homme par le serment de fidélité, qui jamais ne doit être rompu. Ainsi la femme et l’homme forment une harmonie qui ressemble exactement à celle du corps et de l’âme, que Dieu unit ». Ce temps de Carême peut être mis à profit pour renouer les liens entre les hommes et les femmes pour rétablir les relations blessées. Sinon, prévient Sainte Hildegarde « Quiconque brise ce serment de fidélité et persiste dans son erreur encourt l’exil à Babylone, en une terre de chaos et de sécheresse, en une éternelle jachère qui ne connaît pas la beauté des campagnes verdoyantes et pleine de vie, ni la bénédiction de Dieu. » Telle est bien hélas la réalité de notre époque. La crise écologique découle de la grave crise anthropologique de la rupture des relation entre l’homme et la femme. La sexualité originelle ordonnée à l’amour par l’Amour, est corrompue par une consommation désordonnée de plaisirs hédoniste dans lequel les enfants eux-mêmes, des leur conception, sont considérés comme des biens à acquérir ou à jeter selon les envies du moment. Il y a là une « culture du déchet » dénoncée, entre autres, par le pape François.

C’est la raison pour laquelle le premier signe, ou miracle, accompli par Jésus s’est manifesté au cours d’une noce à Cana en Galilée. Et l’on ne manquera pas de noter l’attention de Marie qui remarque le manque et qui s’empresse de le signaler à son Fils : « Ils n’ont plus de vin !  ». Le Carême n’est-il pas ce temps privilégié pour nous tourner vers la sainte Vierge afin qu’elle nous aide à identifier nos manques et qu’elle les porter à son Fils ?

Le rôle dans le Rédemption de Marie est de tout premier plan. Grâce à son Fiat  : « Qu’il me soit fait selon Ta Parole » Marie ouvre à l’Humanité le chemin de la rencontre avec son Dieu et à la résurrection de la chair et à la Vie éternelle. A Nazareth, Marie priait et attendait le Messie annoncé par les prophètes. Elle fut choisie pour être la Mère du Sauveur. Cette attente, jusqu’à Pâque, est une belle occasion pour nous interroger : qu’attendons-nous ? De vagues promesses électorales ou bien une qualité de vie ? Que prions-nous et pourquoi ? Et dans l’inattendue d’un évènement, d’une naissance nous décidons nous vraiment à dire oui ? Ouvrons-nous vraiment la porte à l’inconnu d’une rencontre, quitte à nous laisser bousculer comme la Sainte Famille, ou nous fermons-nous dans notre tranquillité sans avenir ?

Dans Sa montée à Jérusalem vers Sa Passion de Gloire, Jésus nous entraîne à Sa suite. Il nous conduit et nous accompagne avec l’Esprit dans nos passions humaines. Par Sa Croix dressée sur la monde, Il nous libère de nos pêchés. Par Sa Résurrection Il nous ouvre les Portes de Son Père.

Bon et Saint Carême à tous.

Jean-Noël LACOMBE