Ce "métier", c’est de l’humain à 100%

Les paroissiens de Millau ont sans doute encore en mémoire le visage de Christian, qui fut six années durant un des animateurs liturgiques de nos églises.
Officier affecté au camp du Larzac à l’été 2006, Christian nous venait des Alpes et découvrait alors le Sud-Aveyron comme une nouvelle aventure dans sa carrière aux nombreux "points de chute". Rapidement sollicité, il acceptait de confier ses quelques capacités de "meneur de chant" formé avec la troupe aux bons soins de la vie paroissiale. "J’ai appris à faire chanter 150 bonshommes en les faisant marcher au pas, je saurai biens me débrouiller avec quelques rangs de catholiques" nous avait-il confié à l’époque. Reconnaissons qu’il a su s’adapter... Par ailleurs, son métier qui l’avait toujours tenu proche de la jeunesse l’avait également conduit à s’investir au sein de la pastorale des lycéens. Quelques-uns d’entre eux, maintenant grands étudiants, gardent le souvenir de soirées "repas-réflexion-prière" aux thèmes souvent ardus... mais, les avait-ils prévenus : "Vous avez maintenant l’âge où l’on doit vous parler comme à des adultes".
Un aspect de sa vie en Eglise était alors plus confidentiel. Lorsqu’il a rejoint Millau, Christian cheminait depuis deux ans déjà vers le diaconat permanent, une démarche que les candidats et leur entourage doivent garder discrète à ses débuts. C’est accompagné par notre curé de l’époque, Jean-Gabriel Albingre et quelques-uns de nos paroissiens que Christian poursuivait sa formation à Toulouse, aux cotés de Blandine son épouse dont l’Eglise "surveillait de près" la nécessaire convergence de vues avec le candidat. Rien ne saurait en effet remettre en question l’équilibre d’une vie de mariage, surtout pas un sacrement supplémentaire !
Le choix est donc fait !
Après quelques années émaillées de péripéties paroissiales et malheureusement du "coup dur" que fut le décès à 19 ans d’Adrien, un de ses fils militaire, Christian nous quittait en 2012, juste après avoir été admis en l’église Saint François aux ministères de lecteur et d’acolyte, ultime étape avant l’ordination diaconale. Sa nouvelle affectation à Draguignan revêtait tout de même une caractère particulier : il quittait les épaulettes d’officier pour chausser celles d’aumônier militaire. "Une nécessité" nous confiait-il "car on ne peut pas être à la fois "clerc", homme d’église, et porter les armes. Si je veux être ordonné un jour, c’est soit la retraite, soit le ministère d’aumônier. Au bout de 30 ans de service, le kaki finit par déteindre sur la peau... Le choix est donc fait !".
Draguignan l’a donc vu depuis son arrivée découvrir, essayer de s’adapter, voire de maîtriser... bon gré mal gré le ministère de "Padré" comme les militaires appellent affectueusement leurs aumôniers. "J’ai renoncé à expliquer systématiquement pourquoi il ne faut pas m’appeler "Mon Père" nous confie-t-il. "Quand cela arrive plus de dix fois dans la journée, on finit par baisser les bras ! Mais ce "métier", c’est de l’humain à 100%. Je retrouve vraiment ce pour quoi je m’étais engagé. Je redémarre comme à 18 ans !"
Au bout de deux années "d’adaptation" à son nouveau milieu, Monseigneur Luc Ravel, évêques aux armées, a donc définitivement appelé Christian au service de l’Eglise par le ministère de diacre permanent. Il sera ordonné le samedi 9 mai en l’église Saint Michel de la paroisse de Draguignan. Quelques-uns d’entre nous feront le voyage pour être à ses cotés.
"J’ai grandi dans les Alpes et passé la plus grande partie de ma carrière comme chasseur alpin" nous a-t-il dit. " Mais j’avoue que l’Aveyron, les Causses, c’est un art de vivre... Si l’on y prend pas garde, on s’y attache sans trop d’effort !"
Christian, la paroisse Jean XXIII des Grands Causses t’accompagne ainsi que Blandine ton épouse, tes enfants... et ton tout jeune petit-fils Clément de son affection et de ses prières. Bonne route en Eglise !
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